Huit Sonates pour violon baroques du fonds Di Martinelli, gravées à la pointe sèche
The Di Martinelli Manuscript. Johann Christoph Pez (1664-1716) : Sonata 30 en sol mineur. Gian Carlo Cailò (1659-1722) : Sonata 3 en la majeur. Johann Heinrich von Weissenburg (1660-1730) : Sonata 21 en ré mineur. Johann Heinrich Schmelzer (c1620-1680) : Sonata 20 en si mineur. Carlo Ambrogio Lonati (1645-c1715) : Sonata 8 en sol mineur. Pietro Paolo Cappellini ( ?- ?) : Sonata 24 en si bémol majeur. N Goor ( ?- ?) : Sonata 10 en fa majeur. David Petersen ( c1651- 1737) : Sonata 1 en ré majeur. Eva Saladin, violon. Johannes Keller, Sebastian Wienand, clavecin. Daniel Rosin, violoncelle. Septembre 2020. Livret en anglais, français, allemand. TT 69’04. Glossa GCD922521
Cette anthologie de sonates copiées dans la dernière décennie du XVIIe siècle provient du fonds compilé par la dynastie Di Martinelli, versé dans les collections des archives de Louvain depuis une trentaine d’années (1990-1998). L’origine italienne de la famille (l’aïeul Carolus émigra de Gênes vers les Pays-Bas) explique la présence de compositeurs transalpins ; les autres sont flamands, néerlandais, sud-allemands ou issus de l’empire habsbourgeois. Sur les trente-deux sonates contenues dans l’un des soixante-cinq manuscrits (numéro d’inventaire 59) et qui alimentent le présent album, cinq sont des unica ne figurant dans aucune autre source. La Sonate de Gian Carlo Cailò reste même la seule qu’on connaisse à ce musicien actif à Naples. Certaines pièces posent des problèmes de paternité, ainsi la vingtième du « S Smelzer » qu’on peut hésiter à attribuer à Johann Heinrich Schmelzer ou à son fils Andreas Anton. Amateurs doués ou virtuoses réputés (Lonati, le « bossu » de la Reine de Suède) fournirent un intéressant panorama de la production violonistique telle qu’elle se pratiquait à l’apogée du Baroque.
En complément de l’intéressant livret, on pourra ainsi consulter le mémoire de Manon Fauconnier rédigé en 2017-18 pour l’Université de Louvain, lequel nous rappelle en page 70 combien « le manuscrit pour violon de la collection di Martinelli est un recueil tout à fait remarquable et une source de première importance pour l'étude du répertoire pour violon dans les Pays-Bas méridionaux. [...] Par ailleurs, il renseigne sur les influences en termes de répertoire violonistique que connait cette région ainsi que sur la circulation des œuvres ». Respect de l’ornementation associée au style de chaque sonate, accords en scordatura, ambitieux emploi de deux clavecins pour la réalisation du continuo de certaines sonates : les quatre musiciens, tous passés dans les classes de la prestigieuse Schola Cantorum de Bâle, s’honorent d’une flagrante prestation. Au premier chef, l’autoritaire archet d’Eva Saladin qui burine cette galerie de portraits par des éclairages durs et contrastants. On regrette que les instruments ne soient pas présentés dans la notice. Au demeurant, cette interprétation un brin amidonnée et « collet monté » intime le respect et avive l’attention : elle ne peut qu’aiguillonner la découverte de l’ensemble du recueil.
Son : 8,5 – Livret : 8 – Répertoire : 9 – Interprétation : 9,5
Christophe Steyne