Hommage de Marco Angioloni au grand ténor baroque Annibale Fabbri

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A Baroque Tenor. Antonio Vivaldi (1678-1741) : La tiranna avversa sorte ; Già que scoperto io son ; La mia gloria ed il mio amore [Arsilda, regina di Ponto]. Cessa tiranno amor ; Pur t’abbraccio pur t’annodo [L’Incoronazione di Dario]. Alessandro Scarlatti (1660-1725) : Io pavento il tradimento ; Mio dolce nettare [Telemaco]. Domenico Sarro (1679-1744) : Se dalle stelle tu non sei guida [Didone abbandonata]. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Ouverture de l’Acte III, Sinfonia de la scène 5, Tra speranze, affetti e timore [Publio Cornelio Scipione]. Son vinto, oh ciel ; Regno, grandezza, affani e trono [Lotario]. Sinfonia de l’Acte III et La speme ti consoli [Partenope]. Mio cor che mi sai dir ; Siam prossimi al porto [Rinaldo]. Torrente cresciuto per torbida piena [Poro, re dell’Indie]. Antonio Caldara (1670-1736) : Leon piagato a morte [Adriano in Siria]. Marco Angioloni, ténor. Filippo Mineccia, alto. Michele Mignone, basse. Il Groviglio. Simone Pirri, Matteo Saccà, Rossella Pugliano, Koji Yoda, Serena Burzi, violon. Manuela Masenello, alto. Cristina Vidoni, violoncelle. Francesco Tomei, violone. Nicola Barbagli, Claudia Anichini, hautbois. Giulia Breschi, basson. Léo Brunet, théorbe. Giacomo Benedetti, clavecin. Stéphane Fuget, clavecin et direction. Janvier 2021. Livret en allemand, anglais ; paroles en italien non traduit. TT 57’31. Pan Classics PC 10437

Après son tout premier album soliste Il Canto della Nutrice (Da Vinci Classics, 2020), Marco Angioloni revient sur le devant de la scène avec cette anthologie lyrique tirée de l’opéra à l’italienne. En investiguant le répertoire lui seyant, lors de ses études au Centre de Musique Baroque de Versailles, il constata que nombre d’airs de ténor haendéliens furent écrits pour le virtuose Annibale Fabbri (1697-1760) « qui contribua au développement de cette tessiture au début du XVIIIe siècle », à une époque où triomphaient encore les castrats.

Le programme se structure selon quelques cités où brilla ce « Balino », hypocoristique de son prénom, et s’associe à des œuvres et compositeurs qui jalonnèrent sa carrière : la Venise de Vivaldi, la Rome d’Alessandro Scarlatti, la Naples de Domenico Sarro, la Vienne où fut représenté l’Adriano in Siria d’Antonio Caldara pour l’anniversaire de l’Empereur. Et le Londres de Haendel qui représente une bonne moitié du CD. Une dizaine d’airs sont annoncés comme tout premier enregistrement dans la discographie des œuvres. Ce récital de bel canto n’exhibe aucune démonstration de brio, et n’anticipe pas sur le métal héroïque du ténor tel que le glorifiera l’opéra du XIXe siècle.

Dans ce florilège en voix de poitrine, on salue une prestation sans entrave, un timbre homogène, même si le bas du registre pourrait s’ancrer dans un grave plus charnu. Malgré l’agilité des vocalises, aucun rôle n’est surjoué et ne cède à la facilité. Le Regno, grandezza, affani e trono du « Caro Sassone » synthétise ces qualités techniques. Tra speranze, affetti e timore déploie des couleurs et des émois sincères. L’humilité du ton domine le parcours. La captation tend à pastelliser l’émission qui ne rayonne pas dans toute son envergure, et mène à en réduire l’éclat. Sans outrer le théâtre, la prestation d’Il Groviglio mené par Stéphane Fuget reste neutre et discrète. Cette réalisation châtiée a le mérite d’attirer l’attention sur un chanteur accompli, à l’art attachant et aux ambitions prometteuses.

Son : 7,5 – Livret : 8 – Répertoire : 7-9 – Interprétation : 8

Christophe Steyne

 

 

 

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