Après une intégrale Schumann, Max Bruch par Ulf Wallin
Max Bruch (1838-1920)
Concerto pour violon en ré mineur, Op. 44 – In Memoriam, Op. 65 – Konzertstück, Op. 84
Ulf Wallin, violon – Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, Okko Kamu, direction
2015-DSD-59’41-Livret de présentations en anglais, allemand et français-Bis 2069
Faut-il encore rappeler qui est Ulf Wallin ? Violoniste suédois, il se produit sur la scène internationale en compagnie des plus grands ensembles, chefs mais aussi groupes de musique de chambre. Avec à son actif près de 40 enregistrements dont certains salués unanimement par la presse, il est professeur à la Hoschule für Musik Hanns Eisler à Berlin et reçoit le Prix Robert Schumann de la ville de Zwickau en 2013. Il propose ici trois œuvres de Max Bruch, un compositeur dont on ne sait finalement pas grand chose puisque la première biographie qui lui est consacrée ne date que des années 1980. Connu essentiellement pour son Concerto en sol mineur, Bruch aura traversé toute sa vie de nombreux courants artistiques, des partitions de Mendelssohn, Beethoven, Rossini ou encore Chopin aux écrits de Stravinsky, Bartók et Schonberg, en passant par la Nouvelle école allemande de Wagner, Liszt et Richard Strauss, école de laquelle il s’émancipera, préférant rester fidèle au romantisme. Célèbre comme compositeur, il fut aussi chef d’orchestre et professeur, avec notamment pour élèves Respighi et Vaughan-Williams. C’est à ce dernier qu’il déclare : « Vous ne devez pas écrire de la musique pour les yeux, vous devez écrire de la musique pour les oreilles ». Le Concerto n°2, dédié à Pablo de Sarasate, est créé à Londres en novembre 1877. Alors que Bruch est contre la musique à programme, préférant « la musique absolue », il accepte le scénario proposé par Sarasate, « les conséquences d’une bataille pendant les guerres carlistes ». In Memoriam est une pièce courte bouleversante, dédiée à Joachim, que Bruch considère comme sa meilleure composition. S’y décèlent beaucoup de nostalgie, une tristesse évidente mais aussi un discours incroyablement expressif et généreux. Initialement conçu comme quatrième concerto, le Konzertstück est dédié à Willy Hess, élève de Joachim et se compose de deux mouvements, dont le second reprend un chant folklorique irlandais. Sa création date de 1911, aux Etats-Unis.
Ulf Wallin, accompagné du Deutsches Symphonie-Orchester Berlin sous la direction de Okko Kamu, propose une lecture éclairée et naturelle. Dans chacune des œuvres, le violoniste fait preuve d’un souci de précision tout en arborant un jeu expressif et profondément coloré alliant subtilités et fraîcheur. La qualité d’archet associée à un vibrato juste comme il faut est à remarquer, le tout enveloppé d’une palette de couleurs et dynamiques exceptionnelles. Beau dialogue avec l’orchestre qui, sous une baguette attentive et précise, accompagne le soliste avec bienveillance. Tant dans les passages passionnels que dans ceux plus introvertis, aucune exagération des pupitres mais davantage une construction vigilante de la balance. Chaque contour mélodique, en lien avec une construction formelle et harmonique limpide, est appuyé et jamais oublié sans pourtant rentrer dans une sorte de vulgarité intempestive. Ulf Wallin, dont le timbre chaud et lumineux convient parfaitement au genre, offre ici une très belle lecture.
Ayrton Desimpelaere
Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 - Interprétation 10