Armin Jordan au Festival de Lucerne 

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Claude Debussy (1863-1918) : Prélude à l’après midi d’un faune ; Albert Roussel (1869-1937) : Suite n°2 de Bacchus et Ariane, Op.43 ; Claude Debussy (1862-1918) : Six épigraphes antiques (orchestration d’Ernest Ansermet) ; Ernest Chausson (1855-1899) : Poème de l’Amour et de la Mer. Dame Felicity Lott, Orchestre de la Suisse Romande, Armin Jordan. 1988-1994. Livret en : allemand, anglais et français. 74’36’’. Audite. 95.648. 

Le label Audite poursuit à un rythme annuel l’édition d’enregistrements issus des archives du Festival de Lucerne. C’est ainsi que l’on accueille avec bonheur ce cru 2020 qui nous offre une galette intégralement consacrée au chef d’orchestre helvétique Armin Jordan au pupitre de son Orchestre de la Suisse Romande (OSR) à l’occasion de concerts des éditions 1988 et 1994. 

Figure inclassable et forte personnalité, Armin Jordan était un chef exceptionnel que l’on a trop tendance à oublier ! Maestro rompu à la culture latine et germanique (il était né à Lucerne), il était autant à son aise sur le podium que dans la fosse. Il suffit d’écouter son accompagnement si sensible et musical du Poème de l’Amour et de la Mer de Chausson pour constater cette capacité à épouser le chant de sa soliste pour apprécier cet art unique d’un immense chef lyrique. D’ailleurs, on tient ici l’un des sommets de la discographie tant la soprano Dame Felicity Lott vit cette musique et en donne le frisson des mots. 

Le reste du programme est purement symphonique et permet d’apprécier le talent narratif du chef, que ce soit dans la poésie chorégraphiée du Prélude à l’Après midi d’un Faune que dans la puissance et les dynamiques de la Suite n°2 de Bacchus et Ariane d’Albert Roussel. Ernest Ansermet, par ailleurs prédécesseur d’Armin Jordan au pupitre de l’OSR, aimait les Six épigraphes antiques de Claude Debussy au point d’en proposer une orchestration. Armin Jordan parvient à y restituer les teintes debussystes idoines. 

L’Orchestre de la Suisse romande n’a jamais été une machine de guerre symphonique façon Chicago Symphony Orchestra ou London Symphony Orchestra, le fini orchestral n’est pas le plus lissé du monde, mais il se transcende sous une direction qui sait le galvaniser et en tirer les teintes les plus adéquates pour cette musique : clarté pour Debussy, puissance et impact pour Roussel et couleurs sombres et forestières pour Chausson. 

Cela va sans dire, cette archive est essentielle et elle ravira les nombreux nostalgiques de cet immense maestro tout en séduisant les amoureux de la musique française. 

Son : 9 - Livret : 10 - Répertoire : 10 - Interprétation : 10 

Pierre-Jean Tribot

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