Beethoven par Pollini : une leçon de musique

par

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n°4 op.7, Sonate n°9 et 10 op.14, Sonate n°11 op.22
Maurizio Pollini, piano
2013 – DDD – 72’49’’ – Texte de présentation en anglais, allemand, italien, français – DG 477 8806
Agé aujourd'hui de 74 ans et titulaire du Prix Ernst von Siemens, la connaissance du répertoire du pianiste italien est telle que ses derniers enregistrements bénéficient des meilleures critiques. Pour Deutsche Grammophon, il replonge dans Beethoven. Les deux Sonates op. 14 sont entourées ici de deux grandes sonates. L’opus 7 créé en octobre 1797, soit un an et demi après les trois sonates de l’opus 2, est autonome et longue pour l’époque. Le compositeur y développe une ambiance expressive et chaleureuse avec des motifs caractéristiques de sa pensée. Plus tardif (1802), l’opus 22 requiert deux années de travail pour son écriture. Dernière Sonate de la première période créatrice de Beethoven, on y retrouve un caractère brillant, riche, pulsionnel et noble. Les deux « petites » Sonates de l’opus 14 mettent en exergue le côté personnel, sensible et poétique du compositeur. Si à une certaine époque la technicité irréprochable du pianiste a pu mettre à mal l’expressivité, cette parution en est tout autre.
L’opus 7 est dynamique. Comme un seul souffle, on retrouve dans cette œuvre un vent de fraîcheur, de jeunesse. A l’image des trois autres sonates, le piano de Pollini est davantage expressif grâce un jeu beaucoup plus approximatif. Plus de liberté, de pulsion qui font de ce disque un chef-d’œuvre. Le travail sur les développements est déterminé, mêlant richesse harmonique à la rythmique. Même remarque pour le mouvement lent, intime et épuré. Mouvement de danse pour le troisième mouvement avec une belle patte germanique. La structure à la blanche pointée permet une construction souple et inspirée de la mélodie. L’opus 22 est robuste. Quelques infimes imperfections ponctuent le discours de Pollini sans le gêner. C’est un pianiste qui sait où il va et qui modèle une œuvre sur les inflexions harmoniques et rythmiques. Les sonorités, comme les nuances, sont belles. Pour cette sonate complexe, les contrastes sont appréciables et l’énergie que déploie le pianiste est foudroyante. Au centre de disque, les deux Sonates de l’opus 14 sont pourvue d’une certaine brillance. Très précis, la virtuosité de Pollini est toujours aussi impressionnante mais au service de la musique. Scherzo enjoué pour le seconde sonate et Rondo bien mené pour la première.
Pollini offre ici une vraie leçon de musique. A l’image de Menahem Pressler ou Aldo Ciccolini, Pollini est l’un de ses artistes dont la renommée n’est plus à faire. Leur amour pour la musique s’entend dès les premiers accords d’une œuvre donnant à l’auditeur une vive émotion. Voilà un enregistrement qui pourra se placer au panthéon des plus grandes versions des Sonates de Beethoven. Pollini bénéficie ici de l’acoustique exceptionnelle du Concert hall de Lucerne rendant l’enregistrement souple, ample et chaleureux. A redécouvrir !
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

1 commentaires

  1. Ping : Beethoven par Pollini : une leçon d...