Concert russe à Monte-Carlo
Pour ce concert au programme russe, Orchestre philharmonique de Monte-Carlo (OPMC) invite à nouveau le chef d'orchestre chinois Lio Kuokman qui avait laissé une forte impression lors de ses précentes apparitions au pupitre de la phalange monegasque.
2025 marquera le 50e anniversaire de la mort de Chostakovitch et l'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo (OPMC) rend hommage au compositeur avec plusieurs concerts programmés au cours de la saison. Pour de concert, la Symphonie n°9 est jouée en ouverture. Lio Kuokman a une entente parfaite avec l'orchestre. Ils nous entrainent dans ce divertissement, illustrant toute l'ironie, le sarcasme et les cascades aventureuses. Le bassoniste est superbe et absolu, le piccolo est merveilleux, le magnifique trombone est précis et décisif... Lio Kuokman dégage une énergie débordante qui galvanise l'orchestre et subjugue l'auditoire.
Daniel Lozakovich est un des violonistes favoris du public monégasque depuis sa résidence de la saison 2022-2023. Il se présente cette fois avec le Concerto n°2 de Prokofiev. Lozakovich dégage une émotion incroyablement passionnée. Son jeu est impeccable, avec un ton parfait. L'interaction dynamique entre Lozakovich et l'orchestre crée un sentiment d'exaltation et d'intensité. Le public est ravi. Après un tonnerre d'applaudissements Lozakovich lance le défi et donne en bis une des œuvres les plus difficiles du répertoire pour violon, les Variations Paganiniana composées par le magistral violoniste Nathan Milstein. Huit minutes de pure virtuosité. Comme si le 24e caprice de Paganini n'était pas assez difficile, il choisit de jouer, apparemment sans effort, ces variations de Milstein, qui l'a rendu encore plus difficile. C'est une prestation prodigieuse, il est en dialogue avec son violon, le résultat est impressionnant. Milstein et Paganini sont ressucités. Il revient encore et couronne sa performance par le Scherzo caprice de Fritz Kreisler. Le Stradivarius "Sancy" ayant appartenu à Ivry Gitlis a trouvé en Daniel Lozakovich un digne successeur.
Lio Kuokman donne en deuxième partie du concert Les Tableaux d'une exposition, le chef-d'oeuvre de Moussorgsk dans l'orchestration de Maurice Ravel. L'auditeur est toujours fasciné par la force de son écriture et de sa majestuosité et ses accents de la musique russe. L’effectif de l’orchestre donne le tournis ; au-delà des pupitres de cordes, de vents et de cuivres, s’ajoutent deux harpes, un célesta, et des percussions à foison : timbales, glockenspiel, xylophone, triangle, crécelle, fouet, cymbales, tambour, grosse caisse, et la permanente présence des cloches. Magie sonore, tour de force, un jeu fantastique à tous les niveaux, une performance exubérante et audacieuse. La "Grande porte de Kiev' conclusive est toujours un grand moment qui galvanise le public.
Auditorium Rainier III , le 13 octobre 2024
Crédits photographiques : OPMC Communication