Contes et philosophie avec l'orchestre Philharmonique du Luxembourg
Ce vendredi 5 mai, l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, dirigé par le chef français Jérémie Rhorer, nous a proposé trois pièces peu souvent combinées ; Skazka, Conte de fée op.29 de Nikolaï Rimski-Korsakov, Shéhérazade de Maurice Ravel et Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss. Composées respectivement en 1879/80, 1903 et 1895/96, les trois œuvres ont pour point commun une orchestration riche et complexe. C’est un portrait de cette orchestration de la fin du 19e siècle que nous a proposé Jérémie Rhorer.
Le concert a débuté avec Skazka de Rimski-Korsakov. L’œuvre est composée de cinq parties aux tempi de plus en plus rapides, sans pauses entre elles, donnant à la pièce une impression d’accelerando constant. Dès les premières notes, l’orchestre est appliqué et extrêmement précis. Les violoncelles et les contrebasses ouvrent la pièce d’un timbre très profond et ample, avant d’être rejoints par le reste de l’orchestre. Très contrasté, le jeu de celui-ci est magnifié par quelques fantastiques moments dans les bois, notamment au hautbois et à la flûte. La Konzertmeister, Haoxing Liang, nous a elle aussi offert un très beau solo.
Ensuite, nous avons eu à entendre Shéhérazade de Ravel avec la soprano Patricia Petibon. Sa voix puissante n’a jamais été couverte par l’orchestre, peu importe la nuance de leur jeu. Totalement dans son personnage, la chanteuse a eu tendance à beaucoup bouger ce qui rendait parfois le texte inintelligible. Malgré cela, c’est une magnifique prestation qu’elle nous a livrée. Bien aidée par un orchestre puissant, imposant et large, sans jamais être agressif. Encore une fois, il est important de noter le travail de la flûte, notamment dans son dialogue avec la soprane dans la deuxième partie de l’œuvre, La flûte enchantée, ainsi que dans un magnifique solo dans la troisième partie, L’indifférent.
Après la pause, le concert a repris avec Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss. Œuvre- hommage au génie de Friedrich Nietzsche, elle comporte une introduction bien connue du grand public et huit autres parties. Très puissante, l’introduction nous plonge directement dans l’univers de Strauss. Le timbalier, tout particulièrement, impose une présence sonore assez spectaculaire. Par la suite, ce sont les cordes qui prennent le relais pour la première partie. Très unifiés, tous les pupitres forment un tapis sonore sur lequel les vents interviennent furtivement. Bien que ce soit le seul problème de balance de tout le concert, il est dommage de ne pas avoir plus entendu l’orgue tout au long du morceau, et particulièrement dans la deuxième partie. Très engagé, Jérémie Rhorer a fait de l’orchestre une seule entité, à l’affût de ses moindres gestes. Exception faite d’un petit flottement entre le Glockenspiel et les cordes dans l’une des dernières parties de l’œuvre, l’orchestre fut incroyablement précis et nous amena délicatement vers la fin du concert, avec un ultime retour aux violoncelles pour clôturer la soirée.
Alex Quitin, Reporter de l’IMEP.
Philharmonie du Luxembourg, le 05 mai 2023
Crédits photographiques : Philharmonie Luxembourg / Alfonso Salgueiro