Cordes viennoises
Alban BERG (1885-1953)
Suite lyrique
Arnold SCHOENBERG (1874-1951)
La Nuit transfigurée
Ensemble Resonanz, dir. : Jean-Guihen QUEYRAS
DDD-2014-58’ 21’’-Texte de présentation en français, anglais et allemand-Harmonia Mundi HMC 902150
La Suite lyrique d’Alban Berg a été créée à Vienne en janvier 1927. L’œuvre se présentait alors sous la forme d’un quatuor à cordes sortant des règles habituelles, puisque aussi bien elle était divisée en six mouvements. Comme elle avait obtenu un beau succès, l’éditeur allait demander au compositeur de la transcrire pour un orchestre à cordes. Mais Alban Berg ne devait s’acquitter de cette tache que pour les deuxième, troisième et quatrième mouvements. Ce n’est qu’en 2006 que le compositeur allemand Theo Verbey s’attaquera aux trois autres, en respectant parfaitement, scrupuleusement, la pensée musicale de l’auteur de Wozzeck. Il est vrai que deux ans plus tôt, il s’en était plus ou moins inspiré pour écrire sa remarquable Tractal Symphony. Que cette Suite lyrique soit couplée ici avec La Nuit transfigurée d’Arnold Schoenberg ne surprendra aucun mélomane, tant ces deux partitions baignent dans une atmosphère analogue – une atmosphère oppressante, ténébreuse et presque morbide –, quand bien même près de trente années les séparent (La Nuit transfigurée date en effet de 1899). On peut d’ailleurs se demander jusqu’à quel point Alban Berg n’a pas rendu hommage à Arnold Schoenberg en orchestrant trois des six mouvements de sa Suite lyrique. Et on peut se demander également s’il ne convient pas de comprendre « suite » à la fois dans le sens d’une juxtaposition d’éléments similaires et dans le sens de quelque chose vers lequel on revient, qu’on prolonge, qu’on développe ou qu’on paraphrase… Quoi qu’il en soit, l’Ensemble Rensonanz, que dirige l’excellent violoncelliste Jean-Guihen Queyras, restitue fort bien le lyrisme exacerbé de ces œuvres jumelles qui sont souvent jouées, mais qu’on réécoute toujours avec le plus grand plaisir.
Jean-Baptiste Baronian
Son 9 - Livret 8 - Répertoire 9 - Interprétation 8