Dvorak made in UK
Antonin DVORAK (18413-1904)
Symphonie n° 8 opus 88-Légendes opus 59
Orchestre Symphonique de Bournemouth, dir.: José SEREBRIER
2014-DDD-76'38-Textes de présentation en allemand, français et anglais-Warner 0825646287871
Ce disque est le cinquième d'une nouvelle intégrale des symphonies de Dvorak, qui succède ainsi aux magnifiques Kertesz, Rowicki, Kubelik, Suitner et Neumann, pour ne citer que les noms les plus prestigieux. A la tête de l'entreprise, un chef dont la carrière, longue déjà, est restée discrète sans que l'on sache très bien pourquoi. José Serebrier est pourtant un meneur d'orchestre plus que compétent, un grand technicien, à la baguette très sûre. On se souvient notamment de lui comme de l'un des trois chefs, parmi lesquels Leopold Stokowski, jugés nécessaires pour diriger et enregistrer la 4ème symphonie de Charles Ives. Passée totalement inaperçue jusqu'ici, l'entreprise qui nous intéresse en est quasiment à sa fin puisque seules manquent désormais les 1ère, 4ème et 5ème symphonies. Le chef né en Uruguay de parents russe et polonais ne se limite d'ailleurs pas aux seuls neuf opus symphoniques mais aborde également une large part de la production orchestrale du compositeur tchèque, dont les danses slaves, la suite tchèque, le scherzo capriccioso, et le poème symphonique Dans la nature. Ici, c'est la 8ème symphonie qui est à l'honneur, couplée avec les Légendes opus 59. Ce sont d'ailleurs ces dernières qui offrent le plus d'intérêt. Assez rarement enregistrées, elles ont un charme fou, que peut sublimer une interprétation à la fois légère, élégante et raffinée, ce qui est le cas ici. Il faut dire que l'orchestre de Bournemouth est particulièrement brillant et d'une splendeur sonore qui doit être soulignée, caractéristique que renforce encore une prise de son somptueuse. Ne serait-ce que pour ce plaisir purement auditif, ce disque mérite d'être entendu. Cela dit, la précision presque maniaque du chef bride quelque peu une inspiration qu'on voudrait par moments plus débridée, ce dont souffre plus encore l'opus 88, bien trop sage, voire timide, par moments. Références inchangées donc pour les Légendes avec, dans l'ordre, Sejna, Kubelik et Mackerras, ainsi que pour la 8ème où les champions se pressent, toujours aussi indispensables: Dorati, Haitink, Walter (trois fois), Giulini (cinq fois), Münch, Silvestri, Lehmann, Stupka, Szell (quatre fois), Kertesz, Ancerl (deux fois), Kubelik (quatre fois au moins), Ozawa, Beecham, Neumann, Davis, Rowicki et le légendaire Talich (deux fois). Mais, pour une version récente, très confortable et légitime, ne cherchez pas plus loin: Serebrier a plus d'un atout pour séduire à bon gré.
Bernard Postiau
Son 10 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 8