Filiations musicales sous la direction de John Wilson
George Enescu (1881-1955) : Octet, Op.7 ; Eugène Ysaÿe (1858-1931) : Harmonie du Soir, Op.31 ; Grażyna Bacewicz (1909-1969) : Concerto pour orchestre à cordes. Sinfonia of London, direction : John Wilson. 2022. Livret en anglais, allemand et français. Chandos CHSA 5325.
Les œuvres pour orchestre à cordes de ce programme présentent plusieurs points communs. Tout d’abord, elles sont les partitions de compositeurs et d’une compositrice qui étaient aussi des virtuoses du violon mais caractéristique relevée par le livret, les 3 artistes représentés étaient issus de la même école franco-belge de violon telle qu’elle se fut établie en Europe pour s’affirmer dans la première moitié du XXe siècle. Même la Polonaise Grażyna Bacewicz vient se parfaire à Paris à l’Ecole normale de musique. Dès lors, d’un même creuset pédagogique, les 3 artistes trouvent des solutions musicales parfois cousines : énergie intrinsèque, finesse du trait et caractérisation stylistique. Bien sûr, le grain musical est différent : motorique et contrasté dans l’incroyable Concerto pour orchestre à cordes de Grażyna Bacewicz, harmoniquement poétique et suggestif dans les magistrales Harmonies du soir d’Eugène Ysaÿe ou impactant de densité dans l’Octet de George Enescu. Point de routine et d’ennui, mais des musiques savoureuses et personnelles.
Outre sa pertinence éditoriale, cet album est une réussite musicale par l’engagement des cordes du Sinfonia of London sous la baguette de John Wilson. Il faut admirer l’engagement musical et la qualité d’écoute mutuelle de ces musiciens qui semblent faire de la musique de chambre. La prise de son rend merveilleusement le galbe et la richesse des textures des pupitres. La direction du chef cerne parfaitement les particularismes de ces partitions et elle rend la richesse des individualités des créateurs. En ce qui concerne le Concerto pour orchestre à cordes de Grażyna Bacewicz, c'est sans doute la meilleure interprétation du catalogue.
Un album qui sort de l'ordinaire et qui complète la discographie pour orchestre à cordes dont c’est un cheval de bataille de John Wilson et son Sinfonia of London après des réussites dans la musique anglaise et le post-romantisme germanique.
Son : 10 Notice : 10 Répertoire : 9/10 Interprétation : 10
Pierre-Jean Tribot