Haydn ancêtre de Ravel ?

par

Franz Joseph HAYDN (1732-1809)
Concertos pour piano Hob. XVIII: 3, 4 et 11
Jean-Efflam BAVOUZET (piano), Manchester Camerata, dir.: Gabor TAKACS-NAGY
2014-DDD-60'33-Textes de présentation en anglais, allemand et français-Chandos CHAN 10808

Les concertos pour clavier de Joseph Haydn ont toujours posé problème, à plusieurs titres. Tout d'abord, parmi les onze partitions dévolues à un clavier soliste dans le catalogue officiel des œuvres du compositeur autrichien, peu peuvent être considérées à coup sûr de la main de Haydn et plusieurs sont désormais classées comme apocryphes. Ensuite, les autographes ne mentionnent que rarement l'instrument: s'agit-il d'orgues, d'un piano ou d'un clavecin? L'un d'eux désigne clairement un double concerto pour orgue et violon, un autre n'est qu'un arrangement, non de la main de Haydn, d'un trio de jeunesse. En fin de compte, seuls trois d'entre eux peuvent être presque certainement authentifiés comme destinés au piano et dont la paternité ne peut être contestée. Ce sont ceux qui nous sont présentés sur ce disque, joués par ailleurs sur un beau piano moderne et non sur un pianoforte aux sonorités souvent décevantes. On connaît Jean-Efflam Bavouzet comme un très subtil interprète de Ravel et de Debussy. Dans le monde, a priori très éloigné, de Haydn, le Français joue la carte de la clarté, de la transparence et de l'élégance; à plus d'une reprise, on pense au chic de Aldo Ciccolini. Pourquoi, dès lors, n'est-on pas davantage convaincu, surtout dans le dernier, le 11ème en ré majeur, le seul relativement célèbre du lot, avec son étourdissant rondo final « all'Ungherese »? Le discours est serein, heureux mais manque peut-être un peu trop de nervures et s'écoule de manière un peu trop égale. Vues au microscope, ces lectures ne comportent que de jolies choses. Seule l'audition globale laisse le mélomane sur sa faim. C'est dommage, d'autant qu'il est très rare de voir ces trois belles pages rassemblées sur un même disque. Une belle « version d'attente », donc, comme on le disait au début du disque compact.
Bernard Postiau

Son 9 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 7

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