Maurice Jaubert, 125 ans
Maurice Jaubert est un compositeur français né à Nice le 3 janvier 1900 et mort pour la France, à l'hôpital de Baccarat, le 19 juin 1940.
Maurice Jaubert naît à Nice le 3 janvier 1900. Il est le deuxième fils de Maître François Jaubert, avocat et futur président du barreau de sa ville, et de Haydée Faraut. Au lycée Masséna, il obtient en 1915 la première partie du baccalauréat, et en 1916 la seconde. Il suit parallèlement, au Conservatoire de sa ville, les cours d'harmonie, de contrepoint et de piano. Il remporte un premier prix de piano en 1916.
Il quitte alors Nice pour Paris où il obtient, à la Sorbonne, une licence ès lettres et un doctorat en droit. À son retour dans sa ville natale, il est le plus jeune avocat de France. Ses toutes premières compositions datent de cette époque, où il devient aussi officier spécialiste dans l'arme du génie. Démobilisé en 1922, il décide d'abandonner la pratique du droit au profit de la musique. L’année suivante, il complète sa formation musicale avec Albert Groz, à Paris.
Se succèdent alors de nombreuses mélodies, des pièces pour piano, des œuvres de musique de chambre et des divertissements. En 1925, il écrit sa première musique de scène pour « Le Magicien prodigieux », une pièce du dramaturge espagnol Calderón, et utilise le Pleyela -il travaille alors, pour la compagnie Pleyel, à l’enregistrement de rouleaux destinés à ce piano mécanique, révolutionnaire à l’époque. De fait, durant sa trop brève carrière, Jaubert s’intéressera à toutes les innovations technologiques qui peuvent servir ses aspirations artistiques. C’est à cette occasion qu’il rencontre la soprano Marthe Bréga, qui deviendra l’interprète de la plupart de ses compositions vocales. Il l'épouse en 1926, avec Maurice Ravel pour témoin. Le couple a eu une fille, Françoise, en 1927.
En 1929, il commence à composer et à diriger pour le cinéma tout en poursuivant son œuvre destinée à la salle de concert et à la scène, autant pour des opéras-bouffes que pour des pièces de Jean Giraudoux. Au cours de la décennie qui suit, il compose la musique de nombreux films : « Le petit chaperon rouge » d'Alberto Cavalcanti, « La vie d’un fleuve » de Jean Lods, « L'affaire est dans le sac » des frères Prévert, « Zéro de conduite » et « L’Atalante » de Jean Vigo, « Quatorze juillet » et « Le dernier milliardaire » de René Clair, « Carnet de bal » et « La fin du jour » de Julien Duvivier, « L'Île de Pâques » et « Regards sur la Belgique ancienne » d'Henri Storck, « Drôle de drame », « Hôtel du Nord », « Quai des brumes » et « Le Jour se lève » de Marcel Carné.
Le cinéma, qu'il aime et comprend, contrairement à beaucoup de ses contemporains, ne représente pourtant qu'une des multiples facettes de l’activité créatrice de Maurice Jaubert. Chef d'orchestre très sollicité, il dirige non seulement la musique de nombreux films chez Pathé-Nathan (dont celles d’Arthur Honegger et de Darius Milhaud) mais plusieurs concerts, tant en France qu'à l'étranger. Ses écrits, ses conférences et une importante correspondance constituent un précieux témoignage de sa compréhension de l’évolution des années 1930 à 1940 et de ses prises de position, tant politiques (vis-à-vis de la Guerre d'Espagne, par exemple) que musicales. C’est ainsi qu’il défend vigoureusement Kurt Weill, alors totalement incompris.
La guerre vient détourner ce remarquable parcours artistique. Mobilisé en septembre 1939, le capitaine de réserve Maurice Jaubert rejoint aux premières lignes la compagnie du génie qu'il commande. Il ne la quittera que pour deux brèves permissions à Nice, en janvier et avril 1940. Les lettres à son épouse font état d’un esprit de sacrifice empreint d’un profond humanisme. C’est « aux armées » que Jaubert compose ses deux dernières œuvres (qu’il n’aura pas l’occasion d’entendre) : mortellement blessé par un tir ennemi, il meurt quelques heures plus tard à l'hôpital de Baccarat, le 19 juin 1940.
« Jeanne d'Arc », symphonie concertante, fut créée, salle Pleyel, le 9 mai 1942, par l'orchestre Marius-François Gaillard au cours de l'Hommage à Jeanne d'Arc.
L'orchestre donna également la Suite française, Ballade et Le Jour. Un autre hommage fut rendu à Jaubert par Gaillard lors d'un Festival Jaubert en juin 1942.