Un Prince Igor "nettoyé" au Bolshoï

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Igor

Samedi 8 juin avait la Première du Prince Igor de Borodine réduit à 1h30 (au lieu de 4 heures) par le célèbre scénographe Iouri Lioubimov aujourd'hui âgé de 95 ans. La première avait  été reportée de 6 mois suite à une maladie grave du metteur en scène. Lors des répétitions, on apprenait que le maître avait fait des coupes sombres dans la partition de Borodine, en en gardant essentiellement les solos et les airs les plus célèbres. Quant au sujet de l’opéra qui se rapporte à l’histoire russe du 12e siècle et traite de la lutte des princes russes contre les incursions des nomades, il a mis l'accent sur les moyens permettant d’arriver à la paix et de préserver la terre russe. « Tout le monde aspire à la paix mais les conflits, les assassinats et le terrorisme se portent toujours bien. Nous nous comportons donc contrairement à la volonté du Créateur »,  dit Lioubimov.
De nombreux musiciens estiment que Lioubimov avait parfaitement le droit de réaliser ces coupes dans la partition de Borodine. Après tout, ce chimiste bien connu se sentait toute sa vie « tiraillé » entre la science et la musique et a mis 18 ans à composer « Le Prince Igor », laissant sa partition inachevée. A sa mort, le point final a été mis à la partition par son ami Rimski-Korsakov. Quant à Lioubimov, il propose sa propre version, dit le directeur musical du Bolchoï Vassili Sinaïski : "C’est une version bien charpentée qui utilise la musique correspondant au concept retenu et supprime le reste. Je pense que l’opéra est devenu plus dynamique et les spectateurs ne vont pas s’ennuyer."
L’équipe du spectacle dont Zinovi Margoline, un des meilleurs scénographes russes, a tout fait pour mettre en oeuvre le plus fidèlement possible l’idée de Lioubimov : "Ce n’est pas un spectacle historique du point de vue des décors et des costumes mais il n’est pas ultra-moderne non plus. On peut seulement dire qu’il porte l’empreinte de Iouri Lioubimov. Le maître sait très bien ce qu’il fait parce que, malgré son grand âge, il a gardé toute la clarté de son esprit créateur." La décoratrice du spectacle Marina Danilova estime qu’elle avait pour tâche de « Passer sur un fil de rasoir entre le costume historique et moderne (...) Les costumes ne devaient pas être historiques, ni outrageusement russes. Ils ne devaient pas non plus ressembler à des vêtements contemporains. C’était une tâche compliquée mais je crois m’en être bien acquittée."
« Si j’avais jusqu’ici beacoup de sympathie pour Borodine, je lui voue maintenant un véritable amour », ajoute à son tour le chef d’orchestre Vassili Sinaïski à la veille de la première du spectacle.

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