Mravinsky à Helsinki 

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Mravinsky in Helsinki. Oeuvres de Dmitri Chostakovitch (1906-1975), Piotr Ilyich Tchaikovsky (1840-1893), Edvard Grieg (1843-1907), Anatoly Lyadov (1855-1914). Orchestre philharmonique de Leningrad, direction : Evgeny Mravinsky. 1961. Livret en anglais et japonais.Janvs.  JACL-7

Le label Janus, qui nous a comblés avec la récente édition de la Symphonie n°7 de Bruckner sous la direction de Paul Kletzki, nous propose une édition d’un concert d’Evgeny Mravinsky avec son Philharmonique de Leningrad à Helsinki. Comme avec beaucoup de chefs du passé, la mémoire d’Evgeny Mravinsky s’efface peu à peu. Si on se souvient avec émotion du choc qu’avait été l'édition de bandes de concerts par Erato au début des années 1990 puis celles de bandes officielles Melodiya, dans un premier temps avec la coopération du groupe BMG, puis dans le cadre d’une distribution en Europe de ce label historique moscovite, le legs de Mravinsky n'est plus exploité à l’exception du streaming et de labels de repiquages plus ou moins sérieux. Dès lors, toute nouvelle parution est la bienvenue, même si ce présent double disque en est un peu incomplet.  

En effet, les archives de la radio finlandaise n’ont pas conservé le premier mouvement de la Symphonie n°5 de Chostakovitch et il manque 9 barres de mesure au premier mouvement de la Symphonie n°5 de Tchaïkovski. Mais, il aurait été dommage de se priver de ce concert de 1961.

Déjà, il faut apprécier les couleurs de l'orchestre, si typées, ni chargées de couleurs de l’articulation des cordes, à la poésie des bois en passant par des cuivres, impactants mais jamais brutaux. Certains solos sont mémorables comme celui du cor solo dans le mouvement de la Symphonie n°5 de Tchaikovsky, presque immatériel de nuances. Evgeny Mravinsky fait partie des chefs au style d’emblée reconnaissable par cette force démoniaque tirée d’un matériau musical qui claque avec un impact nerveux implacable. Rien n’est jamais épais, le trait est sec et concentré et la machine avance avec force et détermination. L’effet est saisissant dans Tchaikovsky ainsi découenné et dégraissé, rendu à une beauté brutale et primitive authentique. Une autre force de Mravinsky est de lancer la force instrumentale comme une chevauchée, en particulier dans les mouvements finaux, emportés par une tempête des pupitres. Après un tel choc musical, les deux bis que sont la Chanson de Solveig du Peer Gynt de Grieg et Baba-Yaga de Liadov se parent d’ambiances noires et fantomatiques avec en apothéose un Baba-Yaga porté au rang d’épopée mythologique. 

Cette parution est à réserver aux collectionneurs émérites et aux amateurs de direction d’orchestre, mais ces derniers seront comblés. Comme avec la précédente parution Janus, le travail sur la bande son et le soin éditorial sont exemplaires.

Son : 7 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

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