Musicothérapie
Mindmusic : musique concernant la neurodégénécence
Felix MENDELSSOHN
(1809 – 1947)
Pièce de concert N°1, op.113
Richard STRAUSS
(1864 – 1949)
Sonatine N°1 pour instruments à vent
John ADAMS
(°1947)
Gnarly Buttons
Kevin MALONE
(°1958)
The Last Memory
Nothern Chamber Orchestra, dir. Linsley Marsh et Stephen Barlow.
2017 DDD 88’23 Livret en anglais Double CD Divine Art dda 25138
Curieux disque (double) que celui-ci, conçu par deux clarinettistes après que chacune ait perdu un parent des suites de la maladie de Parkinson. Puis, elles entendirent une autre collègue dans une exécution de Gnarly Buttons de John Adams, une pièce influencée par la bataille du père du compositeur face à Alzheimer. L’album a donc été enregistré en faveur de fonds pour les malades de Parkinson. En Angleterre, la musicothérapie est reconnue depuis 1982, et les musicothérapeutes sont requis et enregistrés comme professionnels de la santé depuis 1996. Le déclin mental provoqué par la maladie est largement dû à des connections altérées parmi les cellules du cerveau, et donc garder une activité cérébrale est important pour la vitalité. La thérapie par la musique offre justement ces bénéfices. Par exemple, lorsque des patients déments perdent leur cohérence verbale, ils aiment chanter en se souvenant des paroles, car on s’en souvient mieux en chantant. Le programme de ce double CD nous propose une pièce rare et très charmante de Mendelssohn, la pièce de concert N°1 en Fa majeur pour clarinette, cor de basset et orchestre op.113, une pièce dont on dit que Mendelssohn l’a écrite en échange de la promesse de deux gâteaux, juste le temps qu’ils soient confectionnés. Le lien avec l’objectif du disque est qu’il est mort suite à une dépression nerveuse causée par la mort prématurée de sa sœur Fanny, due sans doute une hémorragie « subaracnoïde », parfois liée à la maladie de Parkinson. Les clarinettes sont aussi à l’honneur dans la Sonatine N°1 en Fa majeur pour 16 instruments à vent de Richard Strauss. Elle est intitulée « Issue de l’atelier d’un invalide », car Strauss était souffrant au moment où il écrivit cette belle et longue œuvre que je ne connaissais pas. Déjà deux belles découvertes donc sur ce premier disque. Nous trouvons sur le deuxième l’œuvre précitée de John Adams, lui-même clarinettiste, une sorte de concerto pour clarinette, une musique pas très éloignée de celle de Copland. Chacun des trois mouvements est basé sur un hymne, une danse ou une chanson traditionnels. Quant à l’œuvre de Kevin Malone, The Last Memory, elle met en scène une clarinette solo qui joue devant un micro relié à un appareil Delay, qui répète la musique jouée avec un léger retard, et cela douze fois de suite. Cet écho multiple permet donc à la soliste de se superposer à elle-même, un effet bien connu des musiciens rock. Il est ici utilisé à bon escient, car la musique joue alors avec sa propre mémoire, ce qui nous ramène à Alzheimer et à Parkinson. Les interprétations sont impeccables : ce n’est donc pas parce que le double CD a été conçu au profit d’une bonne œuvre qu’il démérite musicalement parlant. Au contraire !
Dominique Lawalrée
Son 9 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 9