Musique concertante polonaise pour violoncelle

Alexandre Tansman (1897-1896) : Fantaisie pour violoncelle et orchestre ; Grażyna Bacewicz (1909-1969) : Concerto pour violoncelle n°1 ; Henryk Hubertus Jabłoński (1915-1989) : C-67 ; Miłosz Magin (1929-1999) : Concerto pour violoncelle. Marcin Zdunik, violoncelle ; Orchestre philharmonique de Varsovie, Andrzej Boreyko. 2021. Livret en polonais et anglais. 77’49. Accord. FN 04 / ACD 313.
Le présent disque édité par la Philharmonie Nationale de Varsovie en collaboration avec le label Accord est d’un grand intérêt éditorial. Il va sans dire quand dans notre imaginaire, on associe pas foncièrement les oeuvres concertantes pour violoncelle et orchestre avec les compositeurs polonais. D'où le grand intérêt du présent album de casser des idées préconçues et de nous offrir un beau panorama de styles et de personnalités.
Les quatre compositeurs ont peu en commun, si ce n'est que trois d'entre eux sont nés à Łódź et que deux se sont installés à Paris en tant qu'émigrés. Le parcours commence avec la superbe Fantaisie pour violoncelle et orchestre. Composée pour le grand violoncelliste ukrainien Gregor Piatigorsky, cette œuvre d’un peu moins d’un quart d’heure propose un ton rhapsodique lumineux porté par un dialogue aéré et savant entre l’instrument soliste et l’orchestre. Grâce à de multiples initiatives discographiques, l'œuvre de la compositrice Grażyna Bacewicz commence enfin à être reconnue à la hauteur de sa place dans l’histoire de la musique. Son Concerto pour violoncelle n° 1 est une partition en trois mouvements, composée au lendemain des restrictions staliniennes. On apprécie la motorique de cette œuvre solidement construite, au dramatisme tendu. L'Orchestre Philharmonique de Varsovie l'a créé en 1951 avec, en soliste, le violoncelliste tchèque Miloš Sadlo (un élève de Casals), c’est un beau clin d'œil à l’Histoire.
Natif de Gdańsk, Henryk Hubertus Jabłonski semblait avoir une attirance particulière pour le violoncelle auquel il a consacré plusieurs opus parmi un catalogue assez vaste. Son C-67 en un seul mouvement séduit par un ton original et entre le modernisme et le post-romantisme. La force émotionnelle se confronte à une verticalité imposante et à des climax sombres et gris. L’album se clôt avec le Concerto pour violoncelle de Miłosz Magin que l’on connaît surtout comme pianiste, immense spécialiste de Chopin. Sa partition témoigne d'influences folkloriques et s'articule autour d'un mouvement lent à la fois simple et poétique.
Le violoncelliste Marcin Zdunik est particulièrement engagé et convaincu par ces musiques. Son assurance technique lui permet de transcender les difficultés et sa musicalité est idéalement adaptée aux tons contrastés des quatre partitions. L’Orchestre Philharmonique de Varsovie est un accompagnateur parfait sous la direction attentive d’Andrzej Boreyko.
Un album qui sort des sentiers battus et propose de très belles oeuvres idéalement interprétées.
Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10
Pierre-Jean Tribot