Pascal Meyer, Machine à trois 

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Le pianiste Pascal Meyer est l’un des membres de l’ensemble Machine à trois qui associe le marimba et le vibraphone au piano. Avec ces compères, l’artiste fait paraître un album nommé “Unlearn” et qui propose des partitions pour cette formation inusitée. Crescendo Magazine est heureux de s’entretenir avec ce musicien à l’esprit ouvert et à la flexibilité totale. 

Vous êtes un pianiste aux multiples facettes, mais vous sortez un album avec l'un des ensembles dont vous faites partie. Cet ensemble qui combine le piano, le marimba et le vibraphone, se nomme Machine à trois. Pouvez-vous nous raconter l'histoire de cet ensemble ?

Machine à trois est né d'un projet de série de concerts. Rachel Xi Zhang (marimba) et Laurent Warnier (vibraphone) ont remporté un concours aux Pays-Bas en 2009 en tant que duo appelé Joint Venture Percussion Duo. Le prix comprenait une tournée dans les principales salles de concert néerlandaises. Ils ont demandé à leur ami et compositeur Yu Oda d'écrire une nouvelle œuvre pour eux, incluant le piano. Laurent m'a invité à jouer cette œuvre et d'autres lors de leur tournée. Le trio était né.

Dans la présentation de l'ensemble, j'ai lu que vous revendiquez une attirance pour la musique métissée et improvisée telle que le jazz. Comment ces caractéristiques complètent-elles la rigueur de la musique contemporaine ?

Lorsque nous avons commencé à jouer ensemble en tant que trio, nous avions tous les trois un intérêt marqué pour la musique contemporaine et jouions déjà dans divers ensembles spécialisés dans ce répertoire. Il nous a donc semblé naturel de faire de même avec ce trio qui n'avait pas vraiment beaucoup de répertoire en raison de sa formation plutôt inhabituelle, composée d'un piano et de deux instruments de percussion mélodiques. Mais nous avons également programmé des pièces à l'instrumentation indéterminée ou libre (Philip Glass, Tom Johnson), et commencé à arranger des morceaux de Radiohead, Frank Zappa, Pat Metheny et Tigran Hamasyan. Nos programmes sont devenus de plus en plus éclectiques et moins rigides quant à ce que nous appelons habituellement la musique contemporaine. Dans notre dernier projet intitulé Unlearn, nous avons commandé des compositions à des compositeurs et interprètes de jazz et nous nous sommes également essayés à la composition.

Votre nouvel album avec Machine à trois s'intitule « Unlearn ». Pourquoi ce titre ?

Notre album s'intitule « Unlearn » car il incarne le cœur de notre parcours créatif. En tant que musiciens classiques, nous avons passé des années avec les chefs-d'œuvre du passé, absorbant leur beauté et leur structure. Cette immersion profonde, bien qu'essentielle, a instillé en nous un ensemble de règles puissantes, une sorte de définition rigide de ce qu'est la « bonne » et la « mauvaise » musique.

Pour vraiment trouver notre propre voix, pour composer et jouer avec authenticité, nous nous sommes lancés dans un processus que nous décrivons comme un « désapprentissage ». Il ne s'agissait pas d'oublier notre formation, mais plutôt de nous débarrasser consciemment de ces règles et attentes intériorisées. Cela signifiait remettre en question, expérimenter, improviser et nous autoriser à faire des « erreurs » qui ont finalement conduit à une musique aussi personnelle et actuelle que possible.

Cet album présente des œuvres spécialement composées pour lui. Comment avez-vous choisi les compositeurs ?

Ce n'est pas un secret, Rachel, Laurent et moi écoutons beaucoup de jazz pendant notre temps libre. Nous cherchions des artistes de jazz qui écrivent de la musique originale et nous leur avons présenté notre idée. Nous avons essayé de trouver un mélange intéressant de personnalités musicales qui seraient prêtes à essayer de nouvelles choses et à nous impliquer dans leur processus de composition. Nous avons peaufiné les morceaux en travaillant avec eux.

Vous êtes également pianiste au sein de l'ensemble de musique contemporaine United Instruments of Lucilin. Qu'est-ce qui vous attire dans le répertoire contemporain ?

Je joue avec Lucilin depuis 20 ans maintenant. Quand j'ai rejoint l'ensemble, je n'avais aucune expérience de la musique contemporaine et j'avais encore tout à apprendre. Ce qui m'attire, c'est probablement le fait que l'on continue à apprendre avec chaque nouvelle pièce, chaque nouveau compositeur que l'on rencontre et avec qui on travaille ensemble sur sa musique. C'est l'inconnu qui accompagne chaque nouvelle pièce qui est si intéressant et stimulant. On ne s'ennuie jamais !

Je ressens la même chose avec Machine à trois. Nous avons toujours pu expérimenter en toute sécurité car nous nous respectons les uns les autres et abordons toutes les musiques avec un esprit ouvert. Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour j'écrirais ma propre composition, et encore moins que je la jouerais pour un public à la Philharmonie de Luxembourg ! J'espère que nous pourrons continuer dans cette nouvelle direction !

Le site de Machine à Trois : https://machine-a-trois.bandcamp.com

Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot

Crédits photographiques : DR

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