Retrouvailles réussies entre John Adams et le San Francisco Symphony

par

0126_JOKERJohan Adams (1947°)
Grand Pianola Music – Absolute Jest
San Francisco Symphony, Michael Tilson Thomas – John Adams, direction – St. Lawrence String Quartet – Orli Shaham, Marc-André Hamelin, pianos – Synergy Vocals
2015-DDD-57’34-Textes de présentation en anglais, français et allemand-SFSmedia-SFS0063

A nouveau un parcours sans faute pour le San Francisco Symphony qui consacre un enregistrement à deux œuvres de John Adams séparées de plus de trente ans. Adams habite à San Francisco lorsqu’il écrit Grand Pianola Music. On est en 1982 et le minimalisme musical a déjà fait son entrée dans le monde culturel. Immédiateté, expérience musicale hors du commun, le public est vite dérouté par un langage finalement simple, composé d’harmonies basiques, de répétitions et d’une pulsation régulière. Adams, qui ne souhaite à aucun moment oublier l’harmonie tonale, s’imprègne de ce courant et construit son propre langage en tentant de contourner « les rigueurs du minimalisme et son interminable tissage de motifs pour former un langage plus dramatique et plus complexe, émotionnellement ». Grand Pianola Music est une réussite par son caractère envoûtant, déroutant à plusieurs reprises où les synergies entre l’orchestre, les pianos et les voix aboutissent à un ensemble expressif et captivant. On est vite transporté, grâce à une architecture aboutie, dans une vague d’ambiances et captivé d’un bout à l’autre. Absolute Jest se caractérise comme un « colossal scherzo » pour quatuor à cordes – intense et osé - pour lequel Adams prend appui sur le travail de Stravinsky lorsqu’il dessine son Pulcinella. A l’inverse de ce dernier qui reprend des fragments de compositeurs italiens du XVIIIe siècle, Adams tire quelques motifs et idées des quatuors, de la Neuvième symphonie et de la musique pour piano de Beethoven pour une partition dynamique, voire endiablée.
Comme toujours avec le San Francisco Symphony, on est à la pointe de la perfection. Adams dirige Grand Pianola Music avec une aisance hors pair grâce à un orchestre investi, et Michael Tilson Thomas dirige avec lucidité Absolute Jest, tandis que le quatuor à cordes émerge avec simplicité et ne se fait à aucun moment dépasser. S’apprécient notamment la clairvoyance mais aussi la bienveillance que portent les différents acteurs de cet enregistrement. L’enthousiasme des uns colle à la perfection avec la brillance des pupitres et le renouvellement permanent des idées et des contrastes. Des retrouvailles réussies entre Adams et Tilson Thomas, « deux vieux amis », mais aussi avec l’orchestre puisqu’Adams en fut le conseiller pour la musique nouvelle puis le compositeur en résidence.
A quand le prochain ?
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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