Schumann et Schubert dégraissé par Thomas Dausgaard

par

Robert Schumann (1810-1856) : intégrale des symphonies (la Symphonie n°4 est proposée dans la version originale de 1841 et la version finale de 1851) ; Ouvertures :  Braut von Messina, Op.100 ; Genoveva, Op.81 ; Scènes d’après le Faust de Goethe ; Manfred, Op.115 ; Hermann und Dorothea, op.126 ; Julius Caesar, Op.128 ; Fragment symphonique de la Symphonie en sol majeur “Symphonie de Zwickau” ; Ouverture, scherzo et finale. Swedish Chamber Orchestra, Thomas Dausgaard. 2006-2008. Livret en allemand, anglais et français. 3h50mn. 1 coffret de 3 disques Bis 2669. 

Franz  Schubert (1797-1828) : intégrale des symphonies. Ouverture de Rosamunde D.444, Extraits de musique de scène de Rosamunde D.797, Marche funèbre de l’opéra Adrast, D137.  Swedish Chamber Orchestra, Thomas Dausgaard. 2009-2014.  Livret en allemand, anglais et français. 4h59mn. 1 coffret de 4 disques Bis 2514      

Bis poursuit sa mise en coffret des albums enregistrés par Thomas Dausgaard lors de son passage à la tête de l’Orchestre de Chambre de Suède. Si nous avions aimé le coffret reprenant les symphonies de Brahms, nous sommes un peu plus réservé sur ces enregistrements des symphonies Schubert et Schumann réalisés en Suède entre 2006 et 2014. 

Commençons avec Schumann : fidèle à son optique de dégraissage, Thomas Dausgaard sculpte au poinçon le matériau orchestral. La pointe est très fine et expurge les pupitres de toute matière grasse, c’est sec et nerveux. L’orchestration sonne avec vigueur et l’énergie de la direction tend les pupitres. On peut détester ce Schumann porté par cette vision unilatérale démonstrative et intellectuelle qui refue tout épanchement romantique et toute opulence. Ce traitement réussit mieux aux Symphonies n°2 et n°4, par nature plus narratives qu’aux Symphonies n°1 et n°3. Limitée à un exercice de style orchestral, la Symphonie n°3 manque de puissance et de vision transcendante. Les compléments orchestraux sont bienvenus et composent une véritable intégrale symphonique même si le traitement interprétatif est le même et réussit mieux au trop méconnu  triptyque Ouverture, scherzo et finale dont l’aspect formel s’adapte à la direction très intellectuelle du chef, plutôt qu'aux ouvertures, pas toutes d’un même niveau d’inspiration et qui auraient besoin de plus d’engagement narratifs dans les contrastes. 

Certes, c’est un coffret stimulant pour l’esprit qui pourra ravir les fins connaisseurs de ces œuvres, mais qui peinera à être considéré comme une référence. 

Le cas Schubert est un peu différent, le chef tente également une approché dégraissée mais il fait preuve de moins de sécheresse qu’avec Schumann et la musique s’humanise un peu plus. La prestation ultra-virtuose de l’orchestre permet au chef d’imposer des lectures vives, métriques, et colorées mais qui restent cantonnées à de brillantes lectures instrumentales horizontales superbement captées. Il faut dire que l’approche d’un Schubert avec un orchestre de chambre a été magnifiée par Claudio Abbado (DGG) et Nikolaus Harnoncourt (ICA) avec lesquels Thomas Dausgaard ne peut rivaliser en termes d'investissement interprétatif et de vision humaniste. Au final, on retient un Schubert fignolé et altier, un ton général trop neutre. 

Note globale : 8   

Pierre-Jean Tribot

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