Après La Vie Parisienne de Jacques Offenbach en 2022, c’est au tour de la Flûte Enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart de faire vibrer le public de l’Opéra Royal de Wallonie durant les fêtes. Oeuvre célébrissime, elle a été mise en scène par Cécile Roussat et Julien Lubek afin de mettre des étoiles dans les yeux du public présent en nombre tout au long des représentations.
Avec Christopher Franklin à la direction, les musiciens de l’ORW ont encore une fois livré une prestation à la hauteur des attentes. Le chef américain a particulièrement prêté attention à la balance avec les solistes. Bien que certaines mises en scène aient requis une position assez reculée sur la scène, chaque intervention des différents chanteurs fut claire et soutenue par l’orchestre, sans jamais être couverte.
Cela fut également le cas lors des interventions des Trois Garçons, interprétés par de jeunes enfants membres de la Maîtrise de l’Opéra ayant donc une voix plus faible. Malgré leur extrême jeunesse, ils ont très bien joué leur rôle, avec justesse et précision rythmique dans des passages pas toujours aisés. Le public leur a d’ailleurs réservé ses plus chaleureux applaudissements.
A l’Opéra de Wallonie-Liège, Adriana Lecouvreur de Francesco Cilea, dirigé par Christopher Franklin et mis en scène par Arnaud Bernard, s’impose comme un opéra théâtral.
Un opéra théâtral dans son intrigue, qui nous plonge dans les coulisses de la Comédie-Française et nous confronte au destin tragique d’une des grandes interprètes du XVIIIe siècle (elle a réellement existé) : Adriana Lecouvreur. La star, la femme amoureuse, la femme victime de la jalousie féroce d’une rivale. Cela nous vaut d’ailleurs un monologue de la Phèdre de Jean Racine, habilement inséré et décisif dans les mécanismes de l’intrigue. Ce qui est intéressant aussi, c’est qu’au-delà de l’intrigue amoureuse, l’œuvre souligne quelques réalités sociales : Adriana n’est pas de ce milieu-là. Comme le lui fait remarquer Michonnet, lui aussi un « être de peu » : « Adrienne, nous sommes de pauvres gens, laissons les grands s’amuser, nous n’avons rien à y gagner ». Et quelle belle façon Adriana a de parler de son art de comédienne : « Voyez, je suis l’humble servante du génie créateur. Il m’offre la parole et je la répands dans les cœurs… »
Un opéra théâtral dans sa mise en scène : Arnaud Bernard n’a pas voulu nous proposer une reconstitution réaliste au premier degré de l’époque dans ses lieux, ses apparences et ses façons d’être. Non, il ne cesse de nous faire comprendre que tout cela est du théâtre, il ne cesse de nous montrer « comment ça fonctionne » : ainsi, les techniciens de l’opéra viennent installer les cloisons mobiles de ce qui va devenir un salon de réception ; les interprètes entrent aussi bien par les portes du décor que par un de leurs côtés ouverts, en dépit de toute logique architecturale. C’est un procédé savoureux, qui de plus allège le propos, évite le piège mélodramatique. On sourit souvent à ce spectacle-là, et pourtant, c’est la magie du spectacle vivant, même si l’on sait que ce sont des décors, des effets de lumière, un art de jouer, on s’émeut des sentiments, des élans, des joies, des douleurs, du désespoir de l’héroïne.
Mais cet opéra théâtral reste un opéra, bienvenu dans son approche orchestrale : Christopher Franklin obtient de l’Orchestre et des Chœurs de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège une interprétation elle aussi justement théâtrale en quelque sorte, soulignant ici, émouvant là.
La Scala di seta à Liège La carrière de Rossini s'envola définitivement en 1813, avec les créations respectives de Tancredi et de L'Italiana in Algeri. Ces succès arrivaient après deux opéras sérieux et non moins de sept "farse", petits actes burlesques pour quelques chanteurs, et sans choeur. Parmi ceux-ci, La Scala di seta (1812) n'est demeurée connue que par son ouverture, alors que toute l'oeuvre s'avère aussi pétillante. C'est ce qu'un public ravi a pu constater lors de cette nouvelle production de l'Opéra Royal de Wallonie, maison à qui Rossini a toujours porté bonheur (rappelons, par exemple, l'exquise Gazzetta de 2014, ou la récente reprise d'Il Barbiere di Siviglia.)