Mots-clé : Debora Waldman

Noëmi Waysfeld réen(chante) Barbara

par

Publié chez Sony Classical, le dernier album de la chanteuse Noëmi Waysfeld enchante à plus d’un titre. Sobrement intitulé « Noëmi Waysfeld chante Barbara », c’est un hommage pudique et sensible, à la fois intime et large, à la longue dame brune…

Comment qualifier Noëmi Waysfeld : chanteuse à texte, conteuse musicale, artiste lyrique… ? Le mieux est de laisser flotter ces qualificatifs à la surface de son inconscient, pour mieux sentir son charme agir. Le charme d’une voix à la fois feutrée et précise, fragile et assurée, qui vient transmettre un univers artistique entier, du fado à Schubert en passant, ici, par Barbara. 

Micro à la main, sa voix nous enchante et nous ensorcèle. Créant un cercle magique de proximité, elle vient nous réchauffer, comme une écharpe enveloppante. Les chansons de Barbara, elle les connaît depuis longtemps, depuis toujours, et cela s’entend. C’est en complice de longue date, en connaisseuse de longue haleine qu’elle assume de reprendre ce répertoire, pourtant dangereusement estampillé « patrimoine français ». Cela pourrait passer pour de l’arrogance voire de la prétention, mais ses intentions sont bonnes. Comme l’indique le titre de l’album, elle vient chanter Barbara, rien de plus, comme un conteur à la veillée, qui viendrait perpétuer la mémoire et maintenir la flamme de cette grande artiste.

Debora Waldman et la Symphonie de Charlotte Sohy fusionnent

par

« Femmes de Légende ! » : tel était le titre du Concert final du huitième Festival Palazzetto Bru Zane, ce « centre de musique romantique française » auquel nous devons tant de merveilleuses redécouvertes de ce si riche répertoire. Ce titre était inspiré par l’une des œuvres au programme. Et, bien sûr, il s’imposait par le fait qu’il n’y avait que des compositrices jouées ce soir-là, sous la direction d’une des cheffes d’orchestre les plus en vues actuellement.

Ces « Femmes de Légende ! » étaient donc Salomé, Ophélie et Cléopâtre, les héroïnes de la suite éponyme de Mel Bonis. Mais elles auraient pu être les quatre compositrices jouées (Augusta Holmès, Mel Bonis, Marie Jaëll et Charlotte Sohy), voire la maîtresse d’œuvre de la soirée (Debora Waldman) ! En effet, ces compositrices ont eu leur histoire, elles ont mis leur talent, leur cœur et leur énergie au service de leur art, et peut-être que dans un contexte où les femmes auraient eu les mêmes chances que les hommes, auraient-elles fait une carrière que l’on regarderait aujourd'hui comme légendaire ? Et cette cheffe d’orchestre, qui a la chance d’arriver à une époque qui leur est un (tout petit) peu plus favorable, peut-être la verra-t-on plus tard comme une femme de légende ?

C’est que cette quadragénaire a déjà une histoire, à défaut d’une légende ! Pour ne pas surcharger cette chronique, et pour ne pas survoler trop succinctement cette histoire, nous ne pouvons que vous conseiller la lecture d’un ouvrage qui vient de paraître (co-écrit avec Pauline Sommelet) : La Symphonie oubliée (Robert Laffont). Debora Waldman y raconte le parcours, d’une richesse extraordinaire, qui l’a menée depuis le Brésil, où elle est née, en passant par un kibboutz en Israël, une université en Argentine, le conservatoire de Paris, et sa nomination comme directrice musicale à Avignon (première femme à obtenir ce poste dans une orchestre national en France), qui l’a menée, donc, à cette soirée. En effet, dans cet ouvrage passionnant, Debora Waldman ne parle pas que d’elle. Elle tisse un subtil et fascinant parallèle entre deux histoires, rendues encore plus captivantes par cette mise en perspective : la sienne, et celle de cette Symphonie oubliée, la Symphonie en do dièse mineur de Charlotte Sohy qui constituait la seconde moitié de ce concert, et qui en était assurément le point culminant.

Didier Castell-Jacomin, pianiste découvreur

par

Le pianiste français Didier Castell-Jacomin vient d’intégrer la liste très sélective des Artistes Steinway. Le musicien nous parle de cette reconnaissance et il revient sur sa discographie qui propose de belles découvertes musicales dans des répertoires rares.   

Vous êtes devenu Artiste Steinway. La première question est simple, qu’est-ce que cela fait d’être artiste Steinway ? 

Devenir Artiste Steinway est pour moi un très grand honneur, mais c’est aussi une responsabilité de représenter la marque du mieux que je peux. C'est également un privilège de rejoindre la liste d'illustres interprètes qui représentent la marque, tels que Martha Argerich, en passant par Leif Ove Andsnes ou encore Nicholas Angelich, mais aussi la star du jazz Diana Krall ou même une légende comme Vladimir Horowitz 

Mais comment devient-on Artiste Steinway ? 

Plusieurs paramètres entrent en compte pour devenir Artiste Steinway. Il faut tout d'abord posséder un piano Steinway (quel que soit le modèle et/ou l'ancienneté de l’instrument). Puis vous devez remplir sept pages de renseignements qui prouvent que vous avez une solide carrière, que vous enregistrez pour un label (assez) important et il faut justifier de vos activités musicales passées et à venir. Puis vous devez attendre entre 4 et 6 mois afin que la maison mère informe les différentes succursales Steinway à travers le monde pour acceptation ! Bien sûr, il ne faut en aucun cas avoir eu ou avoir un contrat avec une autre marque de piano. Au bout de ces 4 à 6 mois d'attente, vous recevez l'acceptation de Steinway et vous intégrez leur liste. Pour vous donner une idée du prestige qui vous est offert, nous sommes à peu près 2000 pianistes professionnels dans le monde à représenter la marque, sur à peu près 15 millions de pianistes rien qu'en Chine (toutes disciplines confondues, Jazz, Pop, Classique) !