Mots-clé : George Petean

Le Trouvère de Verdi à Munich

par

Il faut un amour de l’opéra solidement ancré pour chanter malgré la chaleur de cet été dans la capitale bavaroise Le Trouvère de Verdi, dans la  reprise de la mise d’Olivier Py en 2013, à l’opéra de Bavière. Outre que les sources nombreuses calorifère, comme les néons et la croix en feu, rajoutent de la chaleur, le noir du décor et des costumes n’en enlèvent pas. 

Nonobstant, l’inconfort de cette mise en scène vient d’une insistance confinant par endroits au mauvais goût imposé aux spectateurs. 

Elle se voit d’abord avec les roues, tant dans l’installation du décor qui ne cesse jamais de changer pour être tantôt le château de film d’horreur du comte, tantôt la forêt blanche lui appartenant, tantôt le camp des gitans - cheminots autour d’une Micheline, tantôt la chambre froide comme une clinique de Manrico,  que sur le rideau de scène, afin de visualiser la mécanique de la vengeance. Elle se voit ensuite avec le duel entre deux hommes masqués et les deux gros bébés dans la chambre de Manrico. Mais surtout avec la narration de l’histoire d'Azucena par des personnages muets en arrière plan, quant l’effroi de cet opéra vient justement dans la lente compréhension de ce qui s’y joue véritablement.

Le mauvais goût arrive avec la strip-teaseuse chez Gitans, la scène durant laquelle elle écarte les jambes  entourées de docteurs dans la chambre de Manrico, et dans la simulation de viol devant elle.

Andrea Chénier par Jonas Kaufmann, Anja Harteros et George Petean

par

Umberto Giordano (1867-1948) : Andrea Chénier. Jonas Kaufmann (Andrea Chénier), George Petean (Carlo Gerard), Anja Harteros (Maddalena di Coigny), Rachael Wilson (Bersi), Helena Zubanovic (La Contessa di Coigny), Larissa Diadkova (Madelon), Andrea Borghini (Roucher), Johannes Kammler (Pierre Fleville), Christian Rieger (Fouquier-Tinville), Tim Kuypers, (Mathieu) ; Kevin Conners (L’Incredible). Bayerische Staatsoperchor, Stellario Fagone ; Bayerisches Staatsorchester, Marco Armiliato. Philip Stölzl, Mise en scène ;  Philip Stölzl et Heike Vollmer, Décors ; Anke Winckler, Costumes ; Michael Bauer, Lumières ; Brian Large, Réalisation vidéo. NTSC 16:9 ; Stereo et DTS 5.1. Sous titres : italien, anglais, allemand, français, japonais, coréen. DVD Toutes zones. Durée : 135mn. DVD et Blu-Ray. Bayerische Staatsoper Recordings. LC96744.

Les Arènes de Vérone font face à la pandémie

par

Pour sa 98e édition, l’Arena di Verona relève le défi de présenter cinq ouvrages sous forme scénique en faisant appel aux scénographies digitales de l’Atelier D-Wok qui intègrent des clichés provenant de douze institutions muséologiques, archéologiques et paysagères les plus prestigieuses d’Italie. Pandémie oblige, les quelques cent-vingt choristes en tenue de concert s’étagent côté jardin (à la gauche du chef) tandis que, sur scène, évoluent les solistes et les kyrielles de figurants portant le masque sanitaire. Face à une ouverture de scène de plus de septante mètres, la difficulté majeure à laquelle est confronté le chef d’orchestre est de rassembler la sonorité en évitant les décalages entre les contrebasses, les trombones et la percussion placés à l’opposé des forces chorales. Si, au pupitre de Nabucco (le 6 août), vous avez un vieux loup de mer comme Daniel Oren, n’hésitant pas à invectiver ses troupes par le cri, l’équilibre entre la fosse et le plateau s’établit rapidement, alors que la baguette de Francesco Ivan Ciampa, sollicitée pour La Traviata du 7 août, est lourdement mise à l’épreuve.

Pour la production de Nabucco, la Fondazione Arena collabore avec le Musée National du Judaïsme Italien et de la Shoah de Ferrare fournissant les images projetées en arrière-plan. Une fois de plus, l’on retombe dans la transposition éculée à la Seconde Guerre mondiale où les prisonniers juifs s’entassent avec leurs valises sous les miradors, escaliers et passerelles d’acier permettant au pouvoir nazi d’exercer son hégémonie. Au troisième acte, inutile de dire que les jardins de Babylone se métamorphosent en stade olympique pour les Jeux de 1936 magnifiés par les statues d’Arno Breker.

Plus d'amour ni de passions en 1984

par

Marie-Nicole Lemieux © Ulrica Arfvidsson

Un Ballo in maschera
Mais quel peut donc bien être le rapport entre l'opéra de Verdi (1859) et 1984, le roman dystopique d'Orwell (1949) ?  Colonnes grises et ternes, costumes numérotés, buste de Big Brother apparaissant sur le rideau, non, nous ne sommes pas au palais royal de Stockholm en 1792, mais dans le monde bureaucratique et étouffant de la société imaginée par l'écrivain britannique.