Mots-clé : Nikolaus Harnoncourt

J.S. Bach : rares enregistrements par des grandes pointures de la galaxie baroque

par

Mvsicae Antiqvae Ephemeris. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Messe en fa majeur BWV 233. Tönet, ihr Pauken! Erschallet, Trompeten! BWV 214. Pastorale en fa majeur BWV 590. Concerto brandebourgeois no 6 en si bémol majeur BWV 1051. Sybilla Rubens, soprano. Stéphanie Houtzeel, contralto. Thomas Bauer, basse. Collegium Vocale de Gand, Philippe Herreweghe / Deborah York, soprano. Annette Markert, contralto. Jörg Dürmüller, ténor. Klaus Mertens, basse. Orchestre et Chœur baroques d’Amsterdam, Ton Koopman / Ton Koopman, orgue de l’abbaye de Melk / Nikolaus Harnoncourt, Gustav Leonhardt, viole. Edith Steinbauer, Eduard Melkus, alto. Frieda Krause-Litschauer, violoncelle. Alfred Planiavsky, contrebasse. Bruno Seidlhofer, clavecin. Josef Mertin, direction. Livret en anglais. 1950 et 2003, (ré)édition 2023. TT 76’06. Fra Bernardo FB 2311653

Mozart expérimental par Harnoncourt à Salzbourg 

par

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Ouverture de la Flûte enchantée ; Symphonie n°34 en Ut majeur, K.338 ; Concerto pour hautbois en Ut majeur, K.314 ; Symphonie  n°35 “Haffner” en Ré majeur, K.385. Werner Herbers, hautbois ; Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, Nikolaus Harnoncourt.  Bonus : répétitions de la Symphonie n°25 en Sol mineur, K.183. Camerata Salzbourg, Nikolaus Harnoncourt. 1980 & 2006. Livret en anglais et allemand. BVE08071.

Schumann et Schubert dégraissé par Thomas Dausgaard

par

Robert Schumann (1810-1856) : intégrale des symphonies (la Symphonie n°4 est proposée dans la version originale de 1841 et la version finale de 1851) ; Ouvertures :  Braut von Messina, Op.100 ; Genoveva, Op.81 ; Scènes d’après le Faust de Goethe ; Manfred, Op.115 ; Hermann und Dorothea, op.126 ; Julius Caesar, Op.128 ; Fragment symphonique de la Symphonie en sol majeur “Symphonie de Zwickau” ; Ouverture, scherzo et finale. Swedish Chamber Orchestra, Thomas Dausgaard. 2006-2008. Livret en allemand, anglais et français. 3h50mn. 1 coffret de 3 disques Bis 2669. 

Franz  Schubert (1797-1828) : intégrale des symphonies. Ouverture de Rosamunde D.444, Extraits de musique de scène de Rosamunde D.797, Marche funèbre de l’opéra Adrast, D137.  Swedish Chamber Orchestra, Thomas Dausgaard. 2009-2014.  Livret en allemand, anglais et français. 4h59mn. 1 coffret de 4 disques Bis 2514      

Au coeur du laboratoire Harnoncourt

par

 

Nikolaus Harnoncourt Live. The radio recordings 1981-2012. Oeuvres de Johann Sebastian Bach (1685-1750)  ; Felix Mendelssohn (1809-1847) ; Joseph Haydn (1732-1809) Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) ; Franz Schubert (1797-1928) ; Johannes Brahms (1833-1897) ; Robert Schumann (1810-1856) ; Antonín Dvořák (1841-1904) ; Anton Bruckner (1824-1896) ; Johann Strauss Jr (1825-1899). Solistes, choeurs et Royal Concertgebouw Orchestra Amsterdam, direction : Nikolaus Harnoncourt. Enregistré en concert entre 1981 et 2012. Livret en anglais, allemand, français et néerlandais. 15 CD RCO 19007

Harnoncourt et l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam

par

L’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam fait paraître un coffret composé de captations de concerts sous la direction de Nikolaus Harnoncourt. Ce box documente la longue et étroite collaboration entre la phalange amstellodamoise et le chef autrichien. A cette occasion Crescendo Magazine retrouve Lodewijk Collette, responsable éditorial et Daniël Esser, ancien violoncelliste de l’orchestre et conseiller sur ce coffret pour remettre en perspective cette parution.   

Au début des années 1970, Harnoncourt faisait ses débuts de chef d'orchestre et avait dirigé le Residentie Orkest de La Haye. Comment s'est déroulée la rencontre avec l'Orchestre Royal du Concertgebouw ? 

Les réactions et critiques positives aux concerts avec le Residentie Orkest et les "rumeurs" sur les grandes qualités de Harnoncourt en matière de pratique d'interprétation authentique ont suffi à la direction artistique du RCO (dont Marius Flothuis était le responsable) pour l'inviter en 1975 à diriger la Passion selon Saint Jean de Bach à Amsterdam avec le RCO. Les musiciens furent en général immédiatement convaincus, tout comme le public et la presse. 

Comment l'orchestre a-t-il réagi à la collaboration avec N. Harnoncourt ? Quelles ont été les conséquences pour le RCO et sa sonorité d’ensemble des venues régulières de N. Harnoncourt ? 

Les musiciens de l'orchestre ont pris conscience qu'ils pouvaient apprendre beaucoup de cet "apôtre authentique", par exemple un son plus léger sans trop de vibrato, des tempos plus rapides, des accents et des contrastes plus prononcés. En bref, une extension de la conscience sonore déjà existante de l'orchestre.  

C'est avec le RCO que Harnoncourt a élargi son répertoire en se confrontant aux grandes œuvres du répertoire symphonique du XIXe. Comment le choix des œuvres a-t-il été déterminé ? 

Le choix du répertoire est venu de Harnoncourt lui-même, bien sûr en concertation avec la direction artistique de l’orchestre et de Teldec, le label du chef d’orchestre pour lequel nous avons gravé de nombreux disques. Ce fut un développement logique et naturel du point de vue de l'histoire de la musique.  

Edita Gruberova, une Zerbinetta inégalable

par

« Grossmächtige Prinzessin, wer verstünde nicht »… Il suffit de ces quelques mots sentencieux prononcés par la pimpante Zerbinetta d’Ariadne auf Naxos pour entendre immédiatement la voix d’Edita Gruberova, celle qui en sera à jamais la plus grande interprète. Car elle n’avait rien du rossignol mécanique qui produisait trilles, notes piquées et suraigus sans valeur expressive. Par le biais d’une technique chevronnée, elle hypnotisait son auditoire par la ‘messa di voce’ lui permettant d’augmenter et de diminuer le son sur une note. L’appui sur le souffle lui faisait atteindre l’aigu sans l’amoindrir, lui donnant au contraire une ampleur qui ne compromettait ni la beauté du timbre, ni la perfection de l’intonation.

Comment imaginer aujourd’hui qu’il lui faudra attendre près de dix ans pour parvenir à la gloire ? Née à Raca, un quartier de Bratislava, le 23 décembre 1946, fille d’une mère hongroise et d’un père d’ascendance allemande qui ne s’intéressent pas à la musique, elle doit à sa maîtresse d’école d’être incorporée dans une chorale puis d’être inscrite, dès l’âge de quinze ans, au Conservatoire de Bratislava où elle étudie le piano et le chant dans la classe de Maria Medvecka. En 1967, elle débute au Théâtre de la ville en incarnant Rosina dans un Barbiere di Siviglia produit par ses camarades de l’académie. Elle prend part à un concours à Toulouse, voudrait se rendre en Italie pour se perfectionner, mais éclate le Printemps de Prague avec la répression russe. Plutôt que d’accepter un stage à Leningrad, elle préfère s’engager dans un obscur théâtre de province, à Banska Bystricka, où elle passe de La Traviata aux quatre rôles féminins des Contes d’Hoffmann et à My Fair Lady. Durant l’automne de 1969, elle se rend à Vienne, y trouve un professeur remarquable, Ruthilde Boesch, auditionne à la Staatsoper et y débute le 7 février 1970 avec une Reine de la Nuit qui ne soulève aucune réaction, pas plus que la poupée Olympia qu’elle présente cinq jours plus tard. Néanmoins, le 25 octobre 1970, l’on prête attention à son page Tebaldo dans la nouvelle production de Don Carlos qui a pour têtes d’affiche Franco Corelli, Gundula Janowitz et Nicolai Ghiaurov. Mais l’effet est sans lendemain puisque, entre décembre 1970 et août 1973, elle doit se contenter de quinze rôles secondaires. Bernard Haitink fait inviter, au Festival de Glyndebourne, sa Reine de la Nuit qu’Herbert von Karajan ne présentera au Festival de Salzbourg que le seul soir du 26 juillet 1974. Alors que Graz découvre une première Konstanze dans Die Entführung aus dem Serail et que Vienne ne prête aucune attention à sa première Zerbinetta, ses Poussette de Manon, Glauce de Medea, Oscar du Ballo in Maschera, Oiseau de la forêt de Siegfried, Rosina et Sophie de Der Rosenkavalier, elle tente la formule du récital dans la capitale autrichienne.

Gidon Kremer, le voyageur musical inattendu 

par

Gidon Kremer, The Warner Collection. Complete Teldec, Emi Classics & Erato Recordings.  Gidon Kremer, violon ; Martha Argerich, Andrei Gavrilov, Oleg Maisenberg, Vadim Sakharov, pianos ; Yuri Bashmet, alto ; Clemens Hagen et Mstislav Rostropovitch, violoncelles ; Berliner Philharmoniker, Chamber Orchestra of Europe, City of Birmingham Symphony Orchestra, Deutsche Kammerphilharmonie, Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, Hallé Orchestra, Kremerata Baltica, Münchner Philharmoniker,  NDR-Sinfonieorchester Hamburg, Philharmonia Orchestra, Royal Concertgebouw Orchestra, Andrey Boreyko, Christoph Eschenbach, Nikolaus Harnoncourt, Herbert von Karajan, Roman Kofman, Riccardo Muti, Kent Nagano, Sir Simon Rattle. 1976-2006. Notice en anglais, allemand et français.  1 coffret de 22 CD Warner. Warner 0 190295 116422.        

Beethoven à Amsterdam 

par

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Intégrale des symphonies. Roberta Alexander, soprano ; Jard van Nes, mezzo-soprano ; Horst Laubenthal, ténor ; Leonard Mroz, basse. Choir of the Concertgebouworkest, Royal Concertgebouw Orchestra Amsterdam, David Zinman (n°1), Leonard Bernstein (n°2), Nikolaus Harnoncourt (n°3), Herbert Blomstedt (n°4), Mariss Jansons (n°5), Roger Norrington (n°6), Carlos Kleiber (n°7), Philippe Herreweghe (n°8) et Antal Dorati (n°9). Enregistré entre 1978 et 2010. Livret en anglais, allemand, français et néerlandais. 1 coffret de 5 CD RCO 19005. 

Beethoven et les poissons rouges : à propos Teodor Currentzis et de l’interprétation de la "Symphonie n°5"

par

La fraîche sortie d’une Symphonie n°5 de Beethoven sous la baguette du “trublion” Teodor Currentzis au pupitre de son orchestre MusicAeterna (Sony) fait perdre pieds et raison à bon nombre de gens, y compris à des professionnels du milieu musical ! Juste déposée sur les plateformes (car du fait du confinement, il n’arrive plus grand chose dans les bacs des disquaires), cette interprétation conduit certains commentateurs à vider les dictionnaires à coup de superlatifs ! Pour sûr, nous serions en présence d’une relecture qui “révolutionne” et “réinvente” l’interprétation de cette symphonie “iconique” ou “cultissime” comme on dit désormais en langage de néo-marketing vide (Beethoven ça déchire grave !), “dépoussiérant” comme jamais ce chef d’oeuvre galvaudé par tant d’interprétations dépassées, surannées ou noyées sous la surcouche d’une tradition (fantasmée) pachydermique.  

L’essentiel est garder un peu de sérieux et de remettre cela en contexte. La première gravure de cette Symphonie n°5 est à mettre au crédit d’Arthur Nikisch et des Berliner Philharmoniker en 1913 (DGG). Cela fait donc 107 ans que l’on voit arriver des interprétations de cette symphonie du Grand sourd. Questionner la partition fait partie du travail quotidien des interprètes. De nombreux chefs ont, à leurs époques, apporté un vent de fraîcheur sur le matériau musical : Felix Weingartner et le British Symphony Orchestra avant même la Seconde Guerre mondiale, Hermann Scherchen et René Leibowitz dans les années 1950 et 1960 et bien évidement tous les “baroqueux” qui, à la suite de l’intégrale légendaire de Nikolaus Harnoncourt au pupitre du Chamber Orchestra of Europe (Teldec), ont poursuivi la recherche musicale : John Eliot Gardiner (Philips), Roy Goodman (Nimbus), Frans Brüggen (Philips), Roger Norrington (Warner), Christopher Hodgwood (Decca L'Oiseau Lyre), Martin Haselböck (Alpha) et même notre compatriote Jos van Immerseel (Zig Zag). Ce dernier basait son travail sur des recherches personnelles approfondies tant sur l’effectif instrumental que sur le diapason. N’oublions pas la somme magistrale gravée par David Zinman au pupitre de la Tonhalle de Zurich (Arte Nova), première gravure de l’édition critique Bärenreiter de Jonathan del Mar qui fit grand bruit dans les années 1990. Dès lors, il faut avoir une mémoire de poisson rouge pour envisager le travail de Currentzis comme “révolutionnaire”, tant le texte musical de Beethoven a déjà été questionné en long et en large !