Pour célébrer les fêtes de fin d’année, l’Opéra de Lausanne reprend la production de My Fair Lady que Jean Liermier avait conçue pour cette même scène en décembre 2015 en faisant appel à Christophe de la Harpe pour les décors, à Coralie Sanvoisin pour les costumes, à Jean-Philippe Roy pour les lumières et à Jean-Philippe Guilois pour la chorégraphie.
D’emblée, il faut relever que le spectacle n’a pas pris la moindre ride et que l’on s’amuse toujours autant avec ce boulevard devant Covent Garden enneigé et cette colonne Morris dans laquelle s’est faufilé le professeur Henry Higgins, afin de transcrire en phonétique le redoutable jargon cockney asséné par la bouquetière Eliza Doolittle. Que sont cocasses les apartés du personnel de maison ponctuant les interminables séances de formation où, lovée dans un énorme fauteuil surmonté d’un pavillon acoustique, la pauvre fille tente de modeler des voyelles sous le regard compatissant du Colonel Pickering et les hochements réprobateurs de Mrs Pearce, la gouvernante ! Comment ne pas s’esclaffer de rire alors que, devant la tribune d’Ascot, passent, ventre à terre, les coursiers, suivis d’une Mary Poppins égarée et que la pauvre Eliza profère un gros mot en suscitant le mépris de la gentry huppée mais en éveillant un tendre émoi chez le fringant Freddy Eynsford-Hill ! Haut en couleurs, le pub des bas quartiers où Alfred Doolitlle, son père, noie dans l’alcool la crainte de convoler en justes noces avec sa ‘bourgeoise’, sous les quolibets de ses compagnons de beuverie ! En demi-teintes où se faufile une indicible tendresse, l’héroïne finira par considérer Freddy, l’amoureux transi, le Colonel Pickering, masquant son inclination sous la bonhommie, avant de rejoindre, sans mot dire, son Pygmalion en lui apportant ses pantoufles…
Jane Evrard Miroirs. Albert Roussel (1869-1937) : Sinfonietta pour orchestre à cordes Op.52 ; Jean Rivier (1896-1987) : 3e symphonie en Sol pour orchestre à cordes ; Arthur Honegger (1892-1955) : Symphonie n°2 pour orchestre à cordes et trompette Ad.Lib H.153. Romain Leleu, trompette ; Orchestre national d’Auvergne, Roberto Forés Veses. 2021. Livret en français et anglais. ONA 2022/2/1.
Le Printemps des Arts de Monte-Carlo se poursuit avec des concerts très variés qui proposent des œuvres allant du Moyen-Âge à notre époque avec des créations mondiales de musique contemporaine, dans des lieux aussi grandioses que atypiques.
La deuxième semaine a comblé les amateurs de musique de chambre grâce à deux concerts exceptionnels avec le Quatuor Voce. Le premier à la Salle Garnier avec un quatuor de jeunesse de Mozart, le Quatuor n°3 de Chostakovitch et celui de Debussy. Le lendemain, on change de lieu : à quelques dizaines de mètres de l’opéra, on découvre le One Monte-Carlo, l’une des tours érigées à la place du Sporting d'Hiver, le bel édifice Art-Déco construit par Charles Letrosne en 1932. Au premier abord, on n'est pas sûr que l'acoustique de la salle plénière aux multiples fonctions appelée "Salle des Arts" soit adaptée à la musique de chambre. Le décor hollywoodien avec de fausses colonnes et fresques essayant de rappeler l'ancienne est plutôt de mauvais goût mais heureusement que les proportions et l'architecture de la salle donnent un résultat sonore satisfaisant. Au programme : le Quatuor n°21 KV.575 de Mozart, celui de Ravel et le Quatuor n°13 de Chostakovitch.
Le Quatuor Voce, un des meilleurs quatuors français actuels, nous enchante par son interprétation marquant l'évolution stylistique des quatuors de Mozart, la confrontation de style des quatuors de Debussy et de Ravel qui semblent proches et relèvent de la même esthétique tout en étant très différents. Les quatuors de Chostakovitch constituent le journal intime du compositeur et les musiciens nous font revivre toutes les angoisses et les souffrances du compositeur. La complicité et la qualité du son produit par les quatre musiciens font qu'on a l'impression d'entendre un seul instrument avec 16 cordes.
Franz Schubert (1797-1928), Quatuor à cordes en ré mineur "Der Tod und das Mädchen" / La jeune fille et la mort D. 810, Quatuor à cordes en ut mineur Quartett-Satz D. 703. Orchestre national d’Auvergne. Direction : Roberto Forés Veses. 2020. Livret en français et anglais. OnA. 2
Arnold Schönberg (1874-1951), Verklärte Nacht, Op.4 (arrangement pour orchestre à cordes par le compositeur - seconde version de 1943). Richard Strauss (1864-1949), Metamorphosen für 23 Solostreicher et Sextuor à cordes tiré de l’opéra Capriccio (Exclusivement en digital). Orchestre national d'Auvergne, direction : Roberto Forés Veses. 2019. Livret en français et en anglais. 66’ Label OnA. OnA 1.
Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Concerto pour violon et orchestre ré majeur op.61. Orchestre National d’Auvergne. Alena Baeva, violon. Orchestre national d'Auvergne, direction : Roberto Forés Veses. 2021. Livret en français et anglais. 41'43. Orchestre national d'Auvergne Live.
Directeur musical de l’Orchestre national d’Auvergne basé à Clermont-Ferrand, Roberto Forés Veses fait paraître un programme contemporain consacré à deux premières mondiales de Betsy Jolas et Thierry Escaich pour « Orchestre national d’Auvergne Live », le label digital de l’orchestre. La phalange auvergnate ne cesse de s’affirmer comme l’un des orchestres les plus innovants et dynamiques de la scène hexagonale.
Cette septième parution d’Orchestre national d’Auvergne Live depuis son lancement en janvier 2019 est consacrée à deux oeuvres de notre temps. En quoi défendre la musique contemporaine est-il important pour vous ?
C’est plus qu’une importance, c’est une obligation ! J’ai toujours considéré la défense du répertoire contemporain comme un devoir. De plus, l’Orchestre national d’Auvergne est une formation de chambre avec des instruments et cordes et le répertoire de base pour cette spécificité instrumentale n’est pas très large ; dès lors, il est important d’élargir notre fond d’oeuvres par la création contemporaine. De plus, cette mise en avant du répertoire de notre temps est également un vecteur pour identifier internationalement l’orchestre.
Comment avez-vous eu l’idée de programmer ces deux oeuvres. Comment s’est passée votre découverte de ces deux compositeurs ?
Je connaissais la musique de Thierry depuis de nombreuses années. Déjà en 2012, j'avais dirigé l’orchestre dans son Erinnerung pour orchestre à cordes. En 2017, nous avons joué le Concerto pour orgue de Poulenc à l’Auditorium de Lyon et nous avons donc fait connaissance. Cette rencontre a débouché sur sa résidence comme compositeur auprès de l’Orchestre national d’Auvergne avec, entre autre, l’enregistrement live de son Prélude symphonique.
Pour Besty Jolas, je n’avais pas encore dirigé sa musique mais je connaissais sa très grande réputation et sa forte notoriété dans le monde anglo-saxon. Il se trouve que la nouvelle directrice du Festival « Musique démesurée » de Clermont-Ferrand, la compositrice Sophie Lacaze, voulait mettre à l’honneur des compositrices et elle a suggéré le nom de Betsy Jolas. Dès lors, ces discussions ont débouché sur la co-commande de Side Roads pour violoncelle et orchestre à cordes avec l’Orchestre de chambre de Suède. Je suis très heureux d’en présenter le premier enregistrement mondial en compagnie d’Anssi Karttunen.
Avec ses livrets en langue espagnole ou catalane et ses dialogues parlés, la ‘zarzuela’ ne figure que rarement à l’affiche des théâtres de nos régions. Mais Eric Vigié, le directeur de l’Opéra de Lausanne, s’y intéresse vivement et a déjà présenté en 2009 Pan y toros de Francisco Barbieri. Et en cette fin janvier, il nous propose l’ouvrage majeur d’Amadeo Vives, Doña Francisquita, créé au Théâtre Apolo de Madrid le 17 octobre 1923 avec un succès triomphal qui se maintiendra durant vingt ans en totalisant 5210 représentations à Madrid, Barcelone et Buenos Aires avant d’être exporté dans plusieurs villes de France, à la Monnaie de Bruxelles et à l’Opéra-Comique qui devra annuler la première au moment où éclatera la Guerre Civile en Espagne.