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Les Noces de Figaro en concert à Luxembourg

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Le 24 mars dernier, le Nozze di Figaro a été offert à la Philharmonie du Luxembourg dans une version de concert avec l'orchestre de chambre de Bâle dirigé par Giovanni Antonini. Si la formation d'un orchestre de chambre, outre qu'elle sied bien à la salle du Grand auditorium de la Philharmonie du Luxembourg de ce jour, permet de mieux apprécier la structure orchestrale mozartienne qu'avec un orchestre symphonique, grâce à une écoute plus dégagée des relations entre les pupitres, elle dévoile aussi plus ouvertement les imperfections des interprètes. Ainsi ce soir les vents, notamment les bassons, semblent presque distraits en jouant, et l'ouverture quasiment considérée comme comme un concerto pour violon, dont l'interprète principale serait le premier violon. Si la forme concertante est souvent utilisée par Mozart, jusque dans ses quatuors, elle ne semble pas ici du meilleur aloi. Mais surtout, le défaut principal de l'orchestre est de jouer très vite, endommageant ainsi la dentelle mozartienne. Le tempo justo dans les opéras de Mozart est une des choses les plus difficiles, nombre de chefs d'orchestre, et pas des moindres comme Karajan ou Neville Marriner, n'ont pas su le trouver à chaque version. Même Erich Kleiber est encore trop rapide malgré sa maîtrise vertigineuse et élégante de l'orchestre. C'est qu'il ne faut pas confondre vitesse et précipitation avec eux, ce que le chef d'orchestre italien fait dès l'ouverture. Il lui faudra un certain long temps, durant lequel les arias tempèrent sa hâte, pour s'en approcher.

Les interprètes, bien que pas idéaux non plus, ont su offrir cependant une version juste de leurs personnages.

Le Figaro de la basse canadien Robert Gleadow, comme souvent avec lui, est très joueur, trop sans doute, exagérant le caractère comedia dell'arte du valet. Il garde nonobstant une articulation, et une diction juste, qui avec son timbre ferme et tendre donne un Figaro quasi caricatural.