Traditionnel mais convaincant
Charles GOUNOD (1818 - 1893)
Symphonie n°1 en ré majeur - Symphonie n° 2 en mi bémol majeur
Orchestre de chambre néerlandais, dir.: Gordan NIKOLIC
2015-67' 15''-Notice en anglais, allemand et français-Tacet 214
Septième enregistrement CD déjà pour ces deux petits bijoux de 1855 ! Créées entre La Nonne sanglante et Le Médecin malgré lui, contemporaines exactes de la Messe solennelle de sainte Cécile, les deux symphonies se situent à l'aube de la grande maturité du compositeur. Quatre ans plus tard, la création de Faust allait le propulser vers la gloire. L'univers orchestral est issu de Haydn et du jeune Beethoven, tous deux vénérés par Gounod. La même ambiance classique baignera "Urbs Roma" de Saint-Saëns (1856), ou l'unique symphonie qu'un jeune Bizet allait composer cette même année 1855, après avoir entendu... la première de Gounod. Tout est délicat, finement ourlé, ce qui n'exclut pas une certaine puissance quand elle est requise (finale de la deuxième). Tout est également chantant, et l'on y entend le maître de l'art lyrique en devenir, en particulier dans les nombreux solos de vents. Certains membres de l'orchestre de l'opéra national, qui forment cet "orchestre de chambre néerlandais", brillent dans les moments intimes, nombreux dans ces deux partitions, tel l'allegretto schubertien de la première symphonie, ou l'admirable larghetto de la deuxième, nocturne poétique dans lequel Gérard Condé voit à juste titre "en germe la scène du jardin de Faust ou la scène de la chambre de Roméo et Juliette". La direction de Gordan Nikolic, élève de Jean-Jacques Kantorow, adopte la précision idéale requise pour ces oeuvres plus exigeantes que l'on ne croit. Opérer un choix entre les différentes versions me paraît fort ardu. Parmi les anciennes, je resterais fidèle au pionnier Michel Plasson (EMI). Je n'aurai garde d'oublier celle d'Oleg Caetani (CPO), d'autant plus qu'elle inclut les fragments de la troisième symphonie inachevée de 1892. En saluant le très correct Patrick Gallois (Naxos), je conseillerais l'impeccable lecture authentique d'Hervé Niquet en Timpani, ainsi que la présente, dans une optique plus traditionnelle sans doute, mais tout aussi convaincante.
Bruno Peeters
Son 10 - Livret 10 - Répertoire 9 - Interprétation 10